BORIS TASLITZKY : UN PEINTRE EN DÉPORTATION

  Portrait de Boris Taslitzky en 1990

Portrait de Boris Taslitzky en 1990 (photo. I. Rollin-Royer)

 

 

        Au XXe siècle, grâce à l’organisation internationale clandestine du camp de Buchenwald, une dizaine d'artistes arrivent à obtenir secrètement des petits crayons et du papier. C'est le cas d'un célèbre peintre résistant d'origine russe : Boris TaslitzkyEn quoi et comment Boris Taslitzky a-t-il résisté par l'art et la littérature en déportation ?

 

       Nous allons dans un premier temps faire une courte biographie du peintre puis dans un second temps nous analyserons quelques œuvres qu'il a effectuées lors de sa déportation.

 

 

          I/ Présentation de l'artiste : Boris Taslitzky (1911-2005).

   

      Boris Taslitzky est issu d'une famille juive et a réalisé ses études aux Beaux-arts à Paris. Il était communiste et il a participé à la lutte contre le fascisme par ses activités de peintre réaliste et de dessinateur. L'artiste a été mobilisé et fait prisonnier en juin 1940 (il avait 29 ans). Mais il parvint tout de même à s'évader. Ensuite il s'engagea en résistance au sein de l'organisation « Front National de lutte pour la libération et l'indépendance de la France ». 

       

 Autoportrait de Boris Taslitzky Dessin au crayon 1937

Autoportrait de Boris Taslitzky (décembre 1937 – crayon)

       

 

         Malheureusement il est arrêté et condamné en novembre 1941. Il est ensuite déporté au camp de Buchenwald, en Allemagne, dans lequel il restera jusqu'à la libération du camp en 1945. C'est dans ce camp qu'il va produire des centaines de dessins, en particulier grâce à un S.S. (membre d'une organisation paramilitaire et policière nazi) qui lui a donné un crayon à papier avec quelques feuilles. Nous allons analyser ici quelques unes de ces créations, précieux témoignages de la vie aux camps et qui, parce qu'ils n'auraient pas du exister, sont un acte de résistance. 

 

 

           II/ Quelques œuvres qui traduisent  la façon dont l’artiste a résisté par l'art

 

       Les œuvres analysées ci-dessous sont toutes accessibles sur le site http://www.boris-taslitzky.fr/. Parmi les dessins nombreux qui s'y trouvent, nous avons regardé tous ceux qui avaient été faits dans les camps, pour rester fidèles au sujet du CNRD 2016. Nous avons sélectionné ceux qui nous ont touchés. 

 

  

Dessin au camp de Buchenwald en 1944 par Boris Taslitzky

Le sommeil dans les box (Camp de Buchenwald - 1944 - Technique : crayon sur papier)

 

 

      Cette œuvre est un dessin représentant des prisonniers entassés pour dormir dans les camps de concentration. Nous pouvons voir que les conditions n’y sont pas optimales pour trouver le « repos » : l’espace manque, le confort aussi (il n’y a pas de matelas, etc.). Les regards ont l'air passifs : les prisonniers subissent le sort qui leur arrive. Il y a peu de couleurs, étant donné que l'auteur a réalisé ceci avec un simple crayon. Si nous avons tout de même du mal à différencier les différents éléments de ce dessin, il est émouvant car il témoigne que même le sommeil, dans les camps, était rude. 

 

 

 Prisonniers Dessin au camp de Buchenwald en 1944 par Boris Taslitzky

 Prisonniers regardant passer un mort (Camp de Buchenwald - 1944 - Technique : crayon sur papier)

 

 

         Ce dessin est assez explicite. Les visages sont vides, ils n’expriment aucune expression. Les individus, des prisonniers, regardent un mort passer devant eux comme si c’était quelque chose de banal, comme s’ils étaient habitués à cette horreur. Certain ont les mains dans les poches, signe qui renforce cette « banalité ».

 

De plus, les hommes ressemblent à des squelettes. Ainsi, le dessin permet de dénoncer les conditions de vie dans les camps, en particulier le froid (que les vêtements longs font deviner) et le manque de nourriture. Les camps sont source de déshumanisation : Boris Taslitzky en témoigne bien ici. 

 

 

 

Dépression Dessin au camp de Buchenwald en 1944 par Boris Taslitzky

Dépression (Camp de Buchenwald – 1944 - Technique : crayon sur papier)

 

 

      Le titre de cette œuvre est représentatif de ce qui est visible dessus. Et, de façon relative, le dessin représente l'horreur vécue dans les camps. Il traduit bien, selon nous, l'état d'esprit épuisé et meurtri du prisonnier qui baisse la tête, accablé. De plus, nous pouvons imaginer qu'il pleure. Tout cela reflète un état de désespoir complet. Cette œuvre est celle qui nous a le plus marquée. Car presque sans rien montrer, Boris Taslitzky nous touche et nous fait ressentir à quel point le quotidien, dans les camps, pouvait être horrible à vivre.

 

 

         Conclusion

 

        A travers ses nombreux dessins, le peintre et dessinateur Boris Taslitzky a résisté par l’art à la déportation. En effet, il témoigne dans ses œuvres de la souffrance subie par les prisonniers, ce qui était interdit. Il les rend aussi de nouveau humains, car il leur donne une existence malgré la mort qui les attend sans doute.

   

 

*       *       *

 

 

A LIRE ET VOIR SUR LE SUJET

 

 

Site officiel des « Amis de Boris TASLITZKY » : http://www.boris-taslitzky.fr/

 

Harry Bellet, Boris Taslitzky, dans « Le Monde », Paris, 13 décembre 2005

 

L'Atelier de Boris, un film documentaire réalisé par Christophe Cognet en 2004 (Corto-Pacific, 96 min)

 

 

 

 Partie réalisée par Manon ADELIN et Chloe CANTON

 

 


© SITE LYCÉEN  "RÉSISTER PAR L'ART ET LA LITTÉRATURE" - CNRD 2016